Twitter dissout un organe consultatif dont le rôle était d’aider à définir sa politique de modération


Elon Musk a pris la décision, lundi 12 décembre, de dissoudre le conseil de confiance et de sécurité (Trust and Safety Council) de Twitter, un organisme interne à l’entreprise composé d’une centaine de représentants du monde associatif et de militants des droits humains. Créé en 2016, ce conseil avait pour fonction de travailler avec les équipes du réseau social à améliorer ses politiques de modération en matière de discours haineux, de harcèlement, d’exploitation sexuelle des mineurs ou encore de suicide.

Les membres du conseil ont appris la nouvelle par e-mail, d’après les témoignages recueillis par l’Associated Press (AP) auprès de certains d’entre eux, qui ont préféré garder l’anonymat par peur de représailles. D’après la missive, que l’agence de presse américaine a pu consulter et qui n’est pas signée, la nouvelle direction du réseau social « réévalue la meilleure manière d’intégrer des points de vue extérieurs » à l’entreprise, et considère que le conseil, dans sa forme actuelle, « n’est pas la meilleure structure pour le faire ».

« Ce conseil pour la protection des utilisateurs de Twitter était constitué de volontaires qui, pendant de nombreuses années, ont donné de leur temps lorsqu’ils étaient consultés par les employés de Twitter afin de les conseiller sur une grande variété de problèmes en matière de sécurité et de dangers en ligne », a déclaré sur Twitter l’un de ses membres, Alex Holmes, rappelant que le conseil « n’avait jamais été un organe directeur ou de prise de décisions ».

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Un ancien employé harcelé

L’annonce de ce démantèlement est intervenue alors qu’une réunion, annulée à la dernière minute, devait justement se tenir entre les membres du conseil et la nouvelle responsable de l’équipe confiance et sécurité du réseau social, Ella Irwin. Ce communiqué suit également de peu, le même jour, la démission de trois membres de l’organisme : dans une déclaration publiée en ligne, Eirliani Abdul Rahman, Anne Collier et Lesley Podesta ont justifié leur décision en déclarant que, « contrairement à ce qu’affirme Elon Musk, la sécurité et le bien-être des utilisateurs de Twitter déclinent ».

Trois jours plus tôt, Elon Musk lui-même avait déclenché une vague de harcèlement à l’encontre des membres du conseil en déclarant qu’ils avaient « refusé de prendre des mesures contre l’exploitation sexuelle des enfants pendant des années ». Cet organe consultatif, qui n’était pas habilité à prendre des décisions, avait pourtant un groupe de travail sur cette question, rappelle AP.

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M. Musk, qui se présente comme un chantre de la liberté d’expression, s’en est également pris au cours du week-end à l’ancien responsable de la sûreté de Twitter, Yoel Roth. Ce dernier, selon la chaîne américaine CNN, a dû quitter son domicile à la suite de tentatives d’intimidation après que l’homme d’affaires a repris à son compte des accusations d’apologie de la pédophilie à son encontre.

Peu de temps après avoir acheté Twitter pour 44 milliards de dollars, à la fin du mois d’octobre, M. Musk avait assuré vouloir créer une sorte de nouveau conseil des sages composé de personnalités extérieures, dont le rôle serait de déterminer les limites de la liberté d’expression sur le réseau social. L’homme d’affaires n’a depuis donné aucun détail supplémentaire quant à ce projet, ni confirmé que ce nouvel organe consultatif serait bien mis en place.

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Le Monde avec AP



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